• La Pituca ce vendredi 13 (même pas peur) + D'ARIENZO CODE

    La Pituca ce vendredi 13 (même pas peur) + D'ARIENZO CODE

    Bailarinas, bailarines,

    Ce vendredi 13 à La Pituca, si le DJ est inspiré, il devrait nous proposer les thèmes du tango qui traitent de la chance : mala suerte, suerte loca, médallita de la suerte,  etc... Pour ceux d'entre vous qui s'intéressent à la culture tanguera, j'espère que vous ferez bonne lecture de l'interview ci-après. Incompréhensible sans la photo, j'adresse aussi celle-ci en pièce jointe au cas où elle ne s'affichait pas dans le corps du texte sur votre ordinateur.

    orch D'Arienzo jpg.jpg
     
    Rédaction les cahiers du tango : En mettant en scène Juan D'Arienzo et ses 12 disciples devant l'objectif quel message a voulu nous délivrer le photographe ?

    Joe Tambien :  La composition générale de cette photographie se rattache à la tradition des représentations de la Cène dans la peinture occidentale, le dernier repas du Christ où Jesus annonçe aux 12 apôtres que l'un d'entre eux va le trahir (en revanche les peintres d'obédience orthodoxe placent le personnage du Christ à gauche du tableau). Par exemple dans la Cène réalisée par Leornard De Vinci, Jésus désigne du doigt le verre de Judas. Plus explicite ici, El Rey del Compas pose sa main sur l'épaule de son pianiste Rodolfo Biagi. On sait que peu de temps après cette photo Biagi quittera l'orchestre de D'Arienzo pour fonder sa propre formation. Pourtant, malgré qu'il soit le seul dont le buste soit représenté en son entier, D'Arienzo n'occupe pas vraiment la position centrale et la diagonale qu'il forme avec le grand personnage debout derrière lui aboutit à Biagi. De plus, l'oeil du spectateur est intrigué par un personnage du groupe central. Celui-ci est le seul à porter un noeud papillon plutôt qu'une cravate. Lui et le personnage en bas à droite sont les seuls à porter un costume noir et la diagonale qui les relie oriente une fois encore notre regard vers Biagi. Enfin et surtout, ce même personnage est le seul à ne pas fixer l'objectif. Au lieu de cela il observe quelqu'un.

    Rédaction les cahiers du tango :  Qui-ça ?

    Joe Tambien : Mais Biagi évidemment !

    Rédaction les cahiers du tango :  Et alors ?

    Joe Tambien : Et bien, donc en réalité la représentation de Juan D'Arienzo en majesté est contestée de l'intérieur par les lignes forces de la composition qui convergent en direction de Biagi.

    Rédaction les cahiers du tango : Qu'est-ce que cela signifie ?

    Joe Tambien : On sait que de nombreux mélomanes du tango considèrent que la formule rythmique et syncopée qui a fait le succès de D'Arienzo a été inventée par Biagi et que D'Arienzo l'a empruntée et répétée jusqu'au ressassement tandis qu'elle trouvait des variantes et des développements nouveaux chez celui qu'on surnommait "Manos brujas". A l'insu du photographe qui n'avait surement pas d'avis sur la question, la photographie a capté le litige qui devait sourdre à cette époque et a rendu compte des enjeux artistiques qui se jouaient à cette époque à Buenos-Aires.

    Rédaction les cahiers du tango : Et pourquoi sur cette photo Rudolfo Biagi est-il le seul à porter la moustache ?  


    A bailar,  
    Amed Yalouz, votre fournisseur en demi-lumières
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